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Lise Schutz, 20 ans, étudiante en communication visuelle,  habilleuse,  mannequin lumière et chargée d’accueil défilé. 


 

Lorenza : Quels sont selon vous les stéréotypes au sein du monde de la mode ?

Lise : Pour moi, ce sont la minceur, la grandeur, ou encore une peau sans imperfection

 

Lorenza : Comment décrivez-vous les modèles que vous avez pu habiller ? Étaient-elles heureuses, contrariées ou dans de mauvaises conditions ?

Lise : Beaucoup de modèles se sont inscrits dans ce stéréotype et s’y sont pliés. Elles ne ressentaient pas la pression vis-à-vis du physique et la question de la santé mentale n’est pas présente. L’entretien de soi-même est mal interprété.

Beaucoup de mannequins étaient sous l’emprise de substances illicites, certaines ne voulaient pas s’habiller, ou se faisaient mal avant le défilé, en tombant.

 

Lorenza : Remarquez-vous des efforts quant à la diversité des corps dans le milieu de la mode ?

Lise : Oui, il y a eu récemment des efforts, mais qui pour certaines marques s’ancre dans un effet de mode plutôt que dans une prise de conscience constructive.

 

Lorenza : À l’heure d’aujourd’hui, auriez-vous agi ou dit quelque chose pour aider ou pour que les modèles soient dans de meilleures conditions ?

Lise : Oui, dans la mesure du possible, cela m’est déjà arrivé de le faire, notamment lorsqu’un mannequin était en période de menstruation et n’avait pas de possibilité d’intimité, j’ai dû intervenir en l’aidant à se cacher avec un drap pour qu’elle n’ait pas à devoir se changer devant tout le monde.

 

Lorenza : L’ambiance lors d’un défilé, était-elle pesante ?

Lise : L’ambiance est toujours pesante, il y a de plus beaucoup de pression pour les mannequins et les habilleuses. Énorme manque d’empathie, « ce n’est pas humain », pas de prise en considération des besoins. La prise en compte de la pudeur et de la fatigue n’est pas quasiment pas présente. Cela dépend des marques, mais il n’y a parfois pas d’eau, ni de nourriture en cas de besoin. Concernant les habilleuses, cela est très mal pris si certaines modèles en demandent pour elles.

 

Lorenza : les modèles étaient-ils conscients que leurs conditions de travail étaient anormales ?

Lise : Oui, c’est un environnement malsain et banalisé, il faut se plier aux conditions de la marque pour être bien intégré.

 

Lorenza : Avez-vous déjà eu une mauvaise expérience lors d’un défilé ?

Lise : Les quantités de travail sont hors normes et dure, certains modèles ne sont pas professionnels.

Lorsque j’étais chargée d’accueil lors d’un défilé, nous étions plusieurs filles en talon haut et jupe en plein hiver, sans nourriture et devions être discrètes tout en restant face au mur, en silence et debout.

 

Lorenza : Pour vous, est ce que la représentation de la femme pendant un défilé de nos jours est mise en valeur ?

Lise : C’est une mise en valeur selon des stéréotypes précis, mais elle est en progression. Il y a plutôt une mise en valeur du corps, mais pas de la femme elle-même.

Lorenza VETTESE, interview écrit 

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